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Portrait

Jeune chercheur chez Inria ? C’est faire partie d’une bande originale

Portrait de Mostafa Sadeghi, ISFP (Inria Starting Faculty Position)

C’est une petite musique alternative que proposent les Inria Starting Faculty Position : elles permettent aux jeunes chercheurs de trouver un équilibre entre recherche et enseignement, entre Inria et ses partenaires universitaires. Un positionnement original, qui convient très bien à Mostafa Sadeghi !

Vous êtes arrivé chez Inria lors de votre postdoc ; pourquoi avoir choisi l’institut ?

Pour de multiples raisons ! Je venais de finir ma thèse à l’université de technologie de Sharif, en Iran, sur le machine learning et le traitement de signal. Ma femme était quant à elle en train de faire la sienne à Grenoble. J’ai donc souhaité la rejoindre et Inria était le lieu idéal pour poursuivre mes études : l’institut était reconnu internationalement et le sujet du postdoc proposé alors par l’équipe-projet Perception du Centre Inria de l’Université Grenoble Alpes me correspondait tout à fait. Il s’agissait de travailler sur le traitement des signaux audiovisuels pour l’amélioration de la qualité et de l’intelligibilité de la parole. En d’autres termes, d’utiliser des algorithmes capables de prendre en compte le son ainsi que le mouvement des lèvres de celui qui parle pour mieux comprendre le discours.

Et en 2020, après plus de deux ans de postdoc, vous avez rejoint le Centre Inria de l’Université de Lorraine…

À l’époque, j’envisageais de devenir chargé de recherche classe normale (CRCN), mais j’ai entendu parler des nouvelles Inria Starting Faculty Positions (ISFP). Et ces postes, destinés aux jeunes chercheurs, m’ont fortement intéressé car ils fixent une obligation d’enseigner.

J’avais toujours eu envie de donner des cours, mais je souhaitais trouver un équilibre entre l’enseignement et la recherche. Être maître de conférences à l’université faisait trop pencher la balance vers le premier, tandis qu’être CRCN risquait de me conduire à ne concentrer ma carrière que sur la recherche. Avec l’ISFP, j’avais la certitude d’enseigner, mais aussi d’avoir suffisamment de temps pour mes recherches. J’ai donc passé le concours et en 2020, j’ai intégré l’équipe-projet Multispeech  du centre Inria de l’Université de Lorraine, en tant qu’ISFP.

Comment s’est ensuite organisée la partie enseignement de votre fonction ?

J’ai débuté en 2020 pendant le confinement… donc cela n’a pas été le plus simple ! Mais j’ai demandé des conseils à mes collègues, qui m’ont orienté vers les responsables de certains cours à l’Université de Lorraine. Et c’est ainsi que j’ai commencé à enseigner. Je donne un cours en machine learning, un cours en statistiques et un cours « corpus pour la parole », dans le cadre de masters en sciences cognitives et en traitement automatique des langues, proposés par l’institut des sciences du digital de l’université.

J’ai également donné un cours sur l’intelligence artificielle à des étudiants de Telecom Nancy, qui sera sans doute reconduit, et je supervise des étudiants des Mines de Nancy pour leur apprendre à mener des recherches et les accompagner dans des projets scientifiques. Au final, je dispense 45h de cours chaque année. C’est un bon équilibre avec mon activité de chercheur.

Qu’est-ce qui vous plaît dans ces enseignements ?

J’aime transmettre aux étudiants l’expérience et le savoir acquis lors de mes recherches. Les cours m’offrent aussi l’occasion d’approfondir certains sujets, ou encore d’utiliser mes problématiques de recherche comme exemples. Enfin, l’enseignement à l’université me donne le sentiment d’avoir un lien fort avec cette institution et ses chercheurs.

L’enseignement à l’université me donne le sentiment d’avoir un lien fort avec cette institution et ses chercheurs.

Justement, quel est l’intérêt de travailler, via l’enseignement, avec différentes institutions ?

L’intérêt est double : d’une part, côtoyer des collègues d’autres organismes élargit mes horizons d’enseignant. Nous nous concertons pour l’organisation des cours et nous apprenons les uns des autres. Et d’autre part, cette collaboration est bénéfique pour mes recherches. Je rencontre des scientifiques avec différentes expertises, différentes problématiques et là encore, je peux demander des conseils, échanger et bientôt je l’espère, monter des projets collaboratifs avec mes collègues enseignants !

Et pour les étudiants, cette mixité des enseignants est-elle bénéfique ?

Je le crois en effet. Ils profitent de contextes de recherche différents, de façons variées d’amener les problématiques ou de dispenser les cours, de l’expérience de chacun. Et cette diversité joue un rôle important dans la qualité de l’enseignement.

Du côté de la recherche, l’ISFP vous permet-elle également de mener à bien votre carrière ?

Tout à fait ! Sur cet aspect-là, il n’y a pas de différence avec un poste de chargé de recherche : nous pouvons mener les mêmes études et bénéficier des mêmes soutiens. Je poursuis ainsi au sein de l’équipe-projet Multispeech les recherches commencées lors de mon postdoc, qui mêlent traitement du signal et outils de machine learning. L’objectif est de mettre au point des algorithmes capables d’intégrer le son et le mouvement des lèvres de l’interlocuteur pour restituer un discours clair, même si celui-ci est formulé dans un environnement bruyant.

Les applications sont multiples. Il peut s’agir d’installer ces algorithmes dans des smartphones : ils filtreront le bruit de fond et s’aideront du mouvement des lèvres de la personne qui téléphone pour restituer un discours clair à celui qui est à l’autre bout de la ligne. Cette technologie peut aussi s’appliquer aux aides auditives des personnes malentendantes. Ou encore améliorer les performances de reconnaissance des instructions par les assistants vocaux des machines.

Si le poste d’ISFP était un instrument de musique, lequel serait-il et pourquoi ?

Ce serait une flûte de Pan ! Tout simplement parce que je commence à en jouer et que c’est une nouveauté pour moi, comme l’est l’ISFP ! Mais aussi parce que la flûte de Pan a ses propres caractéristiques musicales et sa texture sonore originale qui la rendent particulière. Tout comme l’ISFP est particulière par l’équilibre qu’elle offre entre enseignement et recherche et par la façon dont elle crée des liens avec les universités.

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