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Portrait

La médiation scientifique : une caisse de résonance pour la recherche

Portrait de Magali Martin-Mazauric, la médiation scientifique

Au Centre Inria d’Université Côte d’Azur, les sons de la recherche résonnent au-delà des murs, grâce à la médiation scientifique. Un formidable ampli pour les sciences du numérique, dans le territoire et ailleurs, que Magali Martin-Mazauric contribue à faire fonctionner.

En quoi consiste votre mission au sein d’Inria ?

Depuis 2016, je suis chargée des projets collaboratifs et des relations internationales du Centre Inria d’Université Côte d’Azur, ce qui implique notamment une participation très active aux actions de médiation scientifique. J’ai commencé à me passionner pour cette activité dès 2006 : j’occupais le poste d’assistante du service relations extérieures et valorisation et le Centre développait la médiation scientifique, sous l’égide de Thierry Vieville, alors directeur de recherche, et Gérard Giraudon, directeur du centre.

J’y ai pris part en débutant par une action de médiation… sur moi-même ! De par mon poste, je devais en effet aider les chercheurs dans leurs réponses aux appels à projets internationaux et je voyais passer leurs thèmes de recherche sans réellement les comprendre. J’ai donc demandé à Thierry Vieville de m’expliquer les termes qui m’étaient inconnus. Ce travail de vulgarisation des thématiques de recherche Inria a ensuite été partagé par d’autres collègues administratifs et s’est même répandu dans d’autres centres. De mon côté, j’ai continué à développer ma participation à la médiation scientifique, cette fois aussi vers l’extérieur.

Quelle a été votre première implication dans un projet de médiation scientifique ?

J’ai rejoint dès sa création le collectif Mastic, chargé de l’animation scientifique du Centre, composé à la fois de chercheurs et de personnels administratifs. Nous menions des actions autour de la Semaine des mathématiques, de l’accueil de stagiaires de 3e, de la Fête de la Science

Rapidement, avec nos partenaires de terrain, nous avons créé un sous-groupe de Mastic, nommé Galéjade, grâce notamment à l’implication de Marie-Pelleau, enseignante-chercheuse chez Université Côte d’Azur (UCA), et à Frédéric Havet, chercheur au CNRS au laboratoire I3S (Laboratoire d’Informatique, Signaux et Systèmes de Sophia Antipolis, UMR UCA-CNRS). La réflexion à l’origine de cette collaboration était très pragmatique : pourquoi créer trois événements de communication scientifique sur le territoire alors que nous pouvions unir nos forces ? En outre, faire de la médiation scientifique ensemble était l’occasion de voir comment travaillaient les autres, de partager nos savoir-faire et de renforcer notre réseau.

Et ce partenariat territorial a-t-il perduré ?

Il s’est même largement étendu ! En 2018, le Président-directeur général d’Inria, Bruno Sportisse, nous a encouragés à proposer des projets. Avec les collègues de Galéjade, en particulier Dorian Mazauric, Nicolas Nisse (chercheurs chez Inria) et Frédéric Havet (précédemment cité), nous avons couché sur le papier notre rêve et celui de tant d’autres avant nous : créer une sorte de « cité des sciences du numérique » sur le territoire. C’est ainsi qu’est né le projet Terra Numerica.

Où en est ce projet aujourd’hui ?

Nous avons monté un collectif qui rassemble de très nombreux acteurs du territoire  : les membres fondateurs – Inria, le CNRS, UCA – mais également des associations locales, des médiathèques, la communauté d’agglomération de Sophia Antipolis, la fondation Blaise Pascal, la ville de Valbonne qui a mis à notre disposition un espace de 500 m², inauguré en juin 2022.

Nous avons tous le même objectif : combler le fossé qu’il peut y avoir entre la recherche en sciences du numérique et le grand public. Il y a donc des ateliers et des expositions au sein de l’Espace Terra Numerica, des formations envers les scolaires et les enseignants ainsi que des actions sur le territoire portées par des chercheurs Inria et des partenaires. Nous rêvons que dans les prochaines années, ce soit tous les jours la fête de la science sur notre territoire !

Faire de la médiation scientifique ensemble était aussi l’occasion de voir comment travaillaient les autres, de partager nos savoir-faire et de renforcer notre réseau.

La médiation scientifique est donc au cœur de la stratégie du Centre Inria d’Université Côte d’Azur…

En effet, elle en fait largement partie ! Toutes les décisions autour de Terra Numerica se prennent en concertation avec UCA et le CNRS. Il y a un élan commun et une ambition partagée. Aucun de nous n’aurait pu porter seul un projet d’une telle ampleur. Tout le monde y gagne, en visibilité notamment, mais également dans ses recherches. Au sein du bâtiment de Terra Numerica, le troisième étage pourra accueillir des chercheurs de tous horizons autour de projets collaboratifs.

Notre espace sert aussi d’observatoire pour de nouvelles problématiques de recherche. C’est une boucle : la science nourrit la médiation qui nourrit à son tour la recherche. D’ailleurs, nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin ; la pluridisciplinarité encouragée dans les projets d’Inria se retrouvera dans Terra Numerica. Nous croiserons les regards des sciences du numérique avec ceux de l’art, de l’environnement, des sciences humaines et sociales, et même des entreprises, pour étendre encore notre réseau et notre public.

À quel style musical vous fait penser la médiation scientifique ?

À de la pop anglaise ! Pop pour popularisation bien sûr, puisque nous diffusons les sciences vers le plus grand nombre. Et puis c’est une activité rythmée, dynamique, avec un renouveau constant. Enfin, le son « pop » m’évoque aussi les cercles que l’on retrouve sur les visuels de Terra Numerica. Quand je vous disais que la boucle était bouclée…

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